Isabelle Guyon

GUYON isabelle

GUYON95
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=17825

guyon.isabelle@orange.fr

Présentation :

 Après des études de lettres classiques en Khâgne à Marseille, puis à la Sorbonne à Paris, Isabelle Guyon s’est tournée vers le théâtre avant de commencer à écrire. Elle a aussi animé des ateliers d’écriture en milieu carcéral. Parallèlement à son travail d’écriture, elle enseigne aujourd’hui la littérature à des jeunes sourds et malentendants. « Dans chaque récit d’Isabelle Guyon il y a un véritable travail sur les mots, sur le rythme des phrases, sur l’écriture de façon générale.» L. Hazebrouck, écrivain. Ces récits évoquent des thématiques comme la relation avec une personne diminuée, que ce soit par l’âge ou le handicap (La Mer des Pluies et Identification); la relation mère-fille (La Mer des Pluies) ; notre rapport aux livres et à la culture (De Livres en îles) ; notre relation à la mémoire, au temps et au passé (Le Grain du Temps, Marseille retrouvée ) ; notre relation à la nature, aux autres, à l’enfance (Au sortir des forêts). « L’auteur montre des réalités souvent difficiles, mais sans jamais tomber dans le désespoir. Des portes intérieures s’ouvrent vers un ailleurs réconfortant, un ailleurs le plus souvent plein de fantaisie et de légèreté. En ce sens, c’est une écriture qui affirme un optimisme étrange et profond. » LH

Bibliographie

. « La Mer des Pluies », L’Harmattan, 2009

. « Entre deux bleus », in  «Les Quatre éléments »  Editions Mots Migrateurs, 2010

 . « Identification », L’Harmattan, 2010

 . « De Livres en îles », L’Harmattan, 2012

. « La nuit ne tombe pas » in  « Nuit d’encre » Editions Mots Migrateurs, 2014

. « Marseille retrouvée » , L’Harmattan, 2014

 

. « Le Grain du Temps », L’Harmattan, 2015

. « Au sortir des forêts », L’Harmattan, 2016

Un texte représentatif

 “ J’avançais, entourée d’ombres glacées. Le bruit né du moindre de mes gestes, de mon poignet agitant ma minuscule valise et de mes jambes passant l’une devant l’autre, résonnait aussi fort que si je brisais un vase de verre dans le silence désertique qui semblait s’être répandu de chaque côté de la route. L’étroite bande bitumée sur laquelle je progressais paraissait seule exister, passerelle suspendue, environnée par le néant. Comme un pont au-dessus du vide, le ruban de la chaussée flottait devant moi, et je pensais que j’allais chavirer d’un moment à l’autre de ce chemin ténu qui allait probablement s’évanouir, s’évaporer, emporté par le vent de l’hiver.

  Dans le souvenir de mon arrivée à Chamonix, à 6 ans, il fait toujours nuit, même si cela me paraît étrange. Peut-être était-ce une fin d’après-midi d’hiver ?

  Chamonix.

  Ce nom évoque pour la plupart des gens, je l’ai découvert plus tard, un lieu de vacances où l’on a envie de se rendre.

  Ce nom et celui du « Mont Blanc »  me remplissent d’effroi, encore aujourd’hui.

  J’arrivai donc de nuit à Chamonix.

  J’avançais vers une immense bâtisse aux murs sombres, marchant vers l’inconnu, dans cette nuit nue qui m’étreignait de ses bras d’acier serrés autour de moi, désertée par les miens, ne connaissant plus rien, ni les lieux, ni les personnes.

  Aucune lumière ne m’accompagnait, hormis celle d’une lune froide n’éclairant que d’un lait blanchâtre mes pieds sur la rue gelée. Elle laissait des flaques dégoulinantes d’argent autour de mes pas. J’avançais, ne voulant que reculer mais poussée d’un geste ferme vers l’avant par la personne qui m’avait récupérée à la gare. « Où allons-nous ? » eus-je la force d’articuler à voix basse. Mais, n’ayant peut-être pas été entendue, ma question resta sans réponse. Quelques mètres plus loin, je vis soudain, derrière la bâtisse vers laquelle je me dirigeais, une masse indistincte mais démesurée, monstrueuse, comme un aigle géant qui s’apprête à abattre ses ailes sur une proie.

  C’était la montagne obscure, à peine pâlie par les étoiles, le Mont Blanc, dont la neige drapée de gris bleuté ne reflétait que par endroits la lune, fantôme ténébreux envahissant de son suaire le ciel nocturne. » Au sortir des forêts

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