Défi littéraire 3- La vie trépidante du téléphone portable
Conversations impolies.
Conversations impolies.
At: 9:18 a.m. From : @MoIii<3
Tu pourrais quand même me traiter avec un peu de respect.
Je sais que tu m’as laissé pendant trois ans dans un tiroir, mais tout de même.
Est-ce que c’est une raison pour m’oublier dans les toilettes ?
At: 10:22 a.m. From : AJ
Oui mais il n’y avait plus de Wifi.
At: 12:36 a.m From : @MoIii<3
Non, parce que justement, j’aimerais bien remettre les points sur les « i » avec toi.
Tu te rends compte du nombre d’applications à la con que tu as téléchargées en moins d’un mois ?
Pour les supprimer trois jours après parce qu’elles « ne t’intéressaient plus » ?
Tu te demandes parfois la quantité d’énergie que cela me coûte d’apprendre tout ça pour toi, surtout
pour ne pas t’en servir après ?
C’est un peu comme poser un lapin pour un premier rendez-vous entre amoureux.
Je sais bien que tu m’as acheté une nouvelle coque bleue qui me sied à ravir, mais cela ne compense
pas tout.
At: 5:43 p.m. From : AJ
Ok, ok, je nettoie les fichiers système… Qu’est-ce que t’es relou.
At: 10:15 p.m. From : @MoIii<3
Des fois j’aimerais que tu me regardes pour ce que je suis et pas seulement pour un outil qui te permet
de communiquer avec les autres. Tu crois que j’ai batterie illimitée ou quoi ?
At: 10:17 p.m. From : AJ
Ça va, l’appel n’a duré que deux heures…
At: 3:21 a.m. From : @MoIii<3
J’en ai par-dessus la tête de tes sextos avec ton petit ami. Crois-moi que si je peux faire une erreur
dedans avec mon correcteur orthographique, je ne vais pas me gêner pour briser votre couple.
At: 4:06 a.m. From : AJ
!!! T’es sérieux, c’est quoi cette blague ??!
At: 5:47 a.m. From : @MoIii<3
Et, au fait, pour la photo malheureuse qui a été envoyée à ta mère, ne cherche pas : c’était moi.
A SUIVRE…
Arsinoé Duponchel
Je ne suis qu’une victime !
Je suis exténué. Ma vie ne connaît aucun repos. Constamment harcelé par toutes ces applications qu’elle m’a installées sans même me demander mon avis. Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, TikTok…
Franchement, a-t-elle réellement besoin d’avoir un compte sur toutes ces plateformes ? J’ai bien peur qu’elle n’ait complètement oublié comment faire pour communiquer autrement qu’à travers les réseaux sociaux.
C’est son problème, me direz-vous. C’est elle qui a décidé de se plonger dans un monde virtuel en délaissant totalement la réalité qui l’entoure.
Pourtant, elle m’a entraîné dans cet antre obscur en m’utilisant à mon insu.
Jour après jour, je suis caressé de ses doigts graisseux, logé dans la poche arrière de son jean, et parfois même écrasé sous son postérieur !
Beaucoup me critiquent, me regardent avec méfiance ou horreur, m’accusant d’être la cause de son isolement numérique. Je peux vous assurer que la victime, c’est moi !
Croyez-moi, je préférerais éviter de la suivre dans les toilettes pendant qu’elle fait son affaire malodorante…
Vraiment, je suis à bout de souffle. Et lorsque mes forces m’abandonnent, survivant avec mes 5 % de batterie, je
pourrais presque espérer voir mon repos arriver, en coupant toute activité….
Certainement pas ! Ma propriétaire, accro aux technologies, s’empresse de me redonner un coup defouet en me branchant un câble dans mon orifice, tel un comateux rattaché à la vie par la force d’un respirateur artificiel.
Débranchez-moi ! Je vous en prie ! Que mon calvaire prenne fin ! Cela fait des mois que je n’ai pas été éteint ! Voilà qu’une larme coule maintenant sur sa joue ! Une nouvelle peine de cœur… Je ne suis pas insensible. Je vais redoubler d’effort et assurer mon rôle distractif, pour l’aider à retrouver l’éclat de son sourire.
Morgane Pinon
Dialogue de sourds
( entre Bertrand Samsung et Noémie Apple)
- Mon propriétaire m’utilise à tout moment, sans se soucier de ma fatigue. Je suis épuisé, je n’ai plus d’énergie. Il faut absolument que je recharge mes batteries, ma chère Noémie. Pourrais-tu me prêter ton chargeur car cet étourdi de propriétaire a égaré le mien ?
- Je le ferais volontiers, mon cher Bertrand, mais ma prise n’est pas au même format que la tienne, et je ne puis donc te secourir…
- Puisque mon propriétaire ne peut plus me harceler, profitons-en pour échanger un peu sur cette vie épuisante que nous menons.
- Oui, Bertrand, il faut que je te raconte le terrible accident que j’ai eu hier et qui a failli me coûter la vie ! Ma propriétaire traversait la rue en dehors du passage clouté, alors que le feu était vert pour les voitures. Elle conversait avec une amie en me serrant près de son oreille et ne se souciait pas de la circulation. Un véhicule l’a bousculée et m’a projetée à terre. Heureusement, je m’en suis tirée par miracle avec l’écran seulement fêlé. Mais j’aurais pu être écrasée !
- Ah, Noémie, quelle horreur ! De toutes façons, notre vie est destinée à être courte, car cette technologie G1,2,3,4,5 est tellement évolutive que nous sommes mis au rebut au bout de 2 ou 3 ans. C’est un gâchis, une honte, puisque nous sommes encore valides…
- Bertrand, dis-moi : est-ce que ton propriétaire te fait aussi travailler la nuit ?
- Bien sûr, il dort en me glissant sous son oreiller, et ce n’est pas pour me faire des mamours. Il me saisit parfois de manière compulsive et appelle sa petite amie. Je ne suis jamais tranquille.
- Quelle vie ! J’ai été très choquée samedi dernier au cinéma de mon quartier. Mon propriétaire avait oublié de m’éteindre. Mal lui en a pris. Je n’ai fait que mon travail en sonnant pour l’avertir d’un appel : un flot de cris et de remarques désobligeantes a suivi dans la salle, lui demandant de sortir. C’est humiliant ! Après l’évocation de tous ces malheurs, il ne me reste plus, mon cher Bertrand, que d’afficher la fierté d’être le téléphone le plus performant, certes coûteux, mais destiné aux élites.
- Ton propos est blessant pour moi, Noémie. Puisque tu te considères comme supérieure, ce qui est loin d’être le cas, ne me comptes plus parmi tes amis et supprimes-moi de ton face-book. Je continuerai seul ma vie trépidante et resterai sourd à tes appels.
René Allétru
De 06 à 06…
— J’en ai ras la puce ! Ça ne peut plus durer, je vais m’autodésactiver, me déinitialiser,
me rétrocycler, …
— Bonjour, 06 51 28 76. Psycho mobile à votre écoute. Psycho mobile, le soutien
psychologique pour mobiles exténués. Que vous arrive-t-il ?
— J’ai déjà supporté Sylvie, ma précédente propriétaire, mais avec Sophie, c’est pire !
Elle n’a aucun respect pour moi ; c’est de la maltraitance !
— Reprenons dans l’ordre. Racontez-moi votre vie avec Sylvie.
— Oh, Sylvie, c’était une artiste : elle m’oubliait n’importe où, jusque dans les toilettes
des restaurants. Beurk ! Elle ne pensait pas à me recharger à temps ; pourtant
j’essayais d’attirer son attention en bippant discrètement mais elle ne m’écoutait
pas. Alors, je sentais mes forces s’amenuiser, la fatigue puis la paralysie me gagner ;
j’arrivais à vibrer encore, peine perdue ! Puis je tombais dans un trou noir… je sentais
qu’elle me secouait pour tenter de me rallumer.
— Vous vous sentiez impuissant ?
— Non, plutôt une sensation de mort imminente. Le coma puis une réanimation
laborieuse à chaque fois. L’angoisse que ma batterie ne le supporte plus et fasse un
infarctus…
— En effet, cela devait être très pénible.
— Elle me disait toujours : « C’est la dernière fois, promis. Je vais faire attention ». Mais
avec les artistes…
— Elle avait des côtés attachants… Et Sophie ?
— Sophie, je la hais ! Je la déteste, je l’exècre, je la maudis !
— Dites-moi ce qui vous met dans cet état.
— Elle me malmène : de son sac à sa poche, de sa poche à sa sacoche de vélo… et bien
sûr, chutes à répétitions : de quoi j’ai l’air, je suis fêlé, rayé, cabossé. Mais elle s’en
fiche, je suis un téléphone de seconde main. Elle n’arrête pas de me le rappeler : «
qu’est-ce que tu peux être lent » ; «t’as pas la fonction photo animée ? quel ringard !
» ; « t’es alzheimer ou quoi, t’es limité côté mémoire ! ». Elle menace de me
remplacer par un autre. Bref, je suis trop nul…bon à jeter au cimetière des
téléphones.
— Voyons les choses autrement, 06 51 28 76 : d’après ce que vous me dites, Sophie
vous emmène partout ?
— Oui.
— Elle vous a livré tous ses contacts ?
— Oui
— Elle a chargé l’appli de sa banque, de son assurance, de son fournisseur d’énergie ?
— Euh, oui.
— Ses milliers de photos ?
— M’en parlez pas… c’est pas une artiste pour les images ! D’une banalité et d’une
médiocrité à faire rougir mon écran.
— Elle vous confie sa vie : vous croyez qu’elle confierait sa vie à un raté ?
— Je n’avais pas réalisé à quel point je lui suis indispensable.
— C’est exactement cela : vous lui êtes INDISPENSABLE. Répétez-vous ça dix fois le
matin et dix fois le soir et dès que vous avez un doute.
— INDISPENSABLE, INDISPENSABLE, … ah, désolé, elle a besoin de moi pour une
recherche sur Internet. Voyez, je ne peux même pas avoir dix minutes de répit !
— Bon courage, 06 51 28 76. Psycho mobile, le soutien psychologique pour mobiles
exténués.
Sophie Fedy
La vie exténuante d’un téléphone portable
La vie exténuante d’un téléphone portable
Ma vie est étroitement liée
À mon téléphone portable, plié
Qui me donne accès à mes boîtes mails
Soixante-dix mille courriels ce n’est pas rien
Trente mille photos, c’est chic
D’avoir accès à Tic
Toc dans un clic
Youtube, Insta, Snapchat
WattsApp Amazone Prime
Je ne fais que mes achats en ligne
Avec mon portable je paie
Je n’ai plus besoin de la petite monnaie
Avec Kindle j’accède à mes livres
La culture – c’est cela qui me fait vivre
Avec le vibreur qui me réveille
Au commencement d’une journée
Je vérifie
Mon rythme cardiaque sur mon portable pour savoir si je suis encore en vie
Le temps qu’il va faire
L’humidité de l’air
L’empreinte carbone de mon passage sur terre
Où le coût des réseaux sociaux atteigne la stratosphère
Et la pollution plastifiée éteigne la biodiversité de la mer
La déforestation, l’extinction des espèces
La fonte des glaciers, les événements climatiques extrêmes
Les inondations, la sècheresse, le réchauffement d’un monde en détresse
Intimement lié aux guerres et migrations autour de la petite planète bleue
Qui circule librement à travers
Les ondes de mon portable jetable pas cher
L’éteindre ? A quoi faire ?
Chris Brook
INCONTOURNABLE ET ADDICTIF
C’est ultra-plat, ça tient dans la poche, ça vous relie aux autres et ça s’accroche à
vous comme une bernique à son rocher. Il s’agit bien sûr du téléphone portable ou
mobile. Mon portable, je l’ai voulu tout simple. Pour téléphoner et envoyer des SMS.
À quoi bon m’encombrer d’un nouvel appareil aux fonctionnalités qui ne
correspondent pas vraiment à mes besoins et à mes envies ? Je l’ai rarement près
de moi sauf quand je prends la voiture (utile si je venais à tomber en rade) ou que je
m’expatrie de mon domicile. Je n’ai rien contre les nouvelles technologies mais
l’ordinateur me suffit amplement pour communiquer à distance. Il faut, paraît-il,
« vivre avec son temps » et gagner du temps, ce que le progrès est censé nous
octroyer. Je ne compte plus parmi mes proches celles et ceux qui pestent contre les
dysfonctionnements de leur joujou sophistiqué. Retrouver une photo parmi les
centaines stockées est parfois un vrai parcours du combattant ! L’index balaye sans
cesse l’écran, glissant sur la surface maculée d’empreintes grasses ; quand le visuel
tant convoité apparaît, il faut l’agrandir d’un geste aussi hasardeux que difficile à
maîtriser… pour que la manœuvre échoue ! Et on recommence ! Quelquefois, l’écran
s’éteint au mauvais moment. Vous avez dit « gain de temps » ?…
Tout cela n’est rien face à l’inflation des applications, toutes plus tentantes les unes
que les autres et qui finissent par nous détourner de la vraie vie. Dans la rue, dans
les transports en commun, dans les salles d’attente, la plupart de nos concitoyens
ont les yeux rivés sur leur écran. D’autres tiennent d’une main le guidon de leur
trottinette et leur smartphone de l’autre, le regard vaguement attentif au monde qui
les entoure. Combien d’entre eux s’émeuvent encore d’un ciel aux couleurs
changeantes ? Le portable ne sert plus uniquement à téléphoner, il permet aussi
d’adresser des messages. Nous n’écrivons plus avec une pointe bic ou un stylo,
l’index a pris le relais dans un ballet de tapotements saccadés et d’un clic, la missive
part vers son destinataire. Qu’il est bon parfois de renouer avec les vieux claviers !
Simplicité et fiabilité, n’est-ce pas la clé du bonheur pour échanger en toute quiétude
avec son interlocuteur ? Évidemment, mon vieux coucou n’est pas parfait. Rédiger
un message m’oblige à taper plusieurs fois sur une même touche pour obtenir une
lettre. Je cherche en vain comment faire les majuscules…
Le point de vue de l’utilisateur est important mais voyons un peu ce que le portable
doit supporter tout au long de son service quotidien, notre défi littéraire du jour
s’intéressant à « la vie exténuante du téléphone portable ». Manipulé, trituré,
interrogé sur tel ou tel sujet pour ceux permettant la navigation sur Internet, exposé
aux variations de température et aux chutes, parfois victime de virus, il se prête
volontiers à nos humeurs sans rechigner ou presque… jusqu’à la panne. Et là, nous
sommes désemparés ! Le pire étant la perte de notre cher bigophone qui nous coupe
de la vie sociale, de ses réseaux et nous contraint à des démarches en vue de se
procurer un remplaçant, encore plus performant et doté de perfectionnements
auxquels il faudra s’habituer.
« Allô quoi ?… » Que de progrès réalisés en matière de téléphonie depuis
l’apparition du portable de Martin Cooper en 1973 ! Cinq décades plus tard, nous ne
pouvons plus nous passer de cette invention géniale, devenue le « doudou des
grands ». Pour éviter qu’il envahisse notre existence, utilisons-le à bon escient et
prenons-en soin. Certains modèles deviendront des « collectors » !
31.10.2022 Jean-Philippe Aizier
La vie infernale du portable.
Moi : Alors toi, tu me fatigues, tu m’agaces, ça suffit !
Perdu, retrouvé, je n’en peux plus !
Lui : Et bien moi je te dis, si tu savais où tu me posais… D’abord, tu ne devrais pas jouer les jeunes et
me coller sur la fesse droite de ton pantalon. Tu m’écrabouilles alors sur ton séant ! Sans compter
que tu peux me noyer dans les toilettes quand tu vas faire pipi. Et là, alors je suis mort. Bien fait pour
toi. Et puis tu me cherches ; d’accord, il m‘arrive de glisser entre deux coussins du canapé et je ne dis
rien, bien au chaud : une vraie petite sieste. Mais qui m’a mis en vibreur ? je suis alors démasqué !
Moi : Ne te plains pas, je t’embarque en mission, en Iran, la belle affaire ! Deux femmes voilées me
répondent ; il est difficile de discuter avec mon amie iranienne. Tu pourrais améliorer le son et
censurer de toi-même les propos interdits. Au Japon, ça grésille, tu n’aimes pas les sushis. Allô !
Moshi, moshi, mais tu n’as toujours pas décodé le message en japonais qui me demande de
rappeler ! Parlons de l’Inde, tu n’aimes pas le curry et tu dis que les paroles sont brouillées ; aurais-tu
l‘estomac fragile ?
Tu préfères les messages de Normandie peut être ? ou ceux de la Belgique, s’ils ne sont pas
flamands. Mais s’il te plait, fais ton boulot, bloques les vendeurs de fenêtres et les millions de spams
qui m’envahissent. C’est aussi ça ton boulot .
Tu te plains, mais je t’offre pas mal de possibilités, à toi de t’y retrouver : WhatsApp, mails, messages
et puis le terrible …Facebook sur lequel, soi-disant, je passe des heures, dis-tu ! Grand jaloux, va !
Lui : Tu sais, je suis assez joli, et plat, je peux me faufiler partout, mais tu n’aimes pas ça, car tu veux
m’avoir à l’œil, comme un amant abandonné.
Moi : Tu n’es pas trop cher à l’achat, à condition d’être fidèle un an, ça d’accord. Mais la facture
tombe tous les mois et en fait tu me reviens assez cher.
Tu m’épuises, je te le redis, tu ne respectes rien : nos heures de repas, les séances de cinéma que
j’adore, et le théâtre ! un peu d’intelligence, que diable, tu pourrais te mettre en vibreur
spontanément.
Lui : Je suis dans ton sac, tes nombreux sacs. Et si par malheur tu en changes, c’est foutu. Tu ne me
trouves plus. Dans la chambre, alors là, à toi de courir pour répondre ; souvent c’est trop tard.
Moi : Pourquoi tu ne prolonges pas la sonnerie ? tu sais bien, toi, que je suis loin ! Alors tu trônes fier
et méprisant : tant pis si elle arrive trop tard !
Quand tu es perdu, panique à bord. Quel soulagement lorsque que je te retrouve ; les copains eux
aussi sont contents.
En fait je t’aime bien.
Pierrette Allétru
La vie exténuante du téléphone portable
Mais ! Oú suis-je cette fois ci ?
Il fait tout noir impossible de savoir.
Oú est – ce qu’elle m’a encore posé ?
Je me souviens que j’étais à une fête qu’il y avait beaucoup de bruit sans doute de la musique.
ElleMa compagne me criait dans les oreilles , à un moment elle s’est mise à bouger dans tous les sens, j’avais mal au cœur tellement j’étais ballotté.
Ce n’est plus possible de continuer à mener cette vie de dingue, je n’en peux plus.
Je m’appelle « Hi » hello en français si vous préférez
J’ai quitté la vitrine de la boutique par un bel après-midi de printemps.
J’étais tout content de sortir de ce magasin, je savais que lorsqu’on le quittait dans les mains d’une personne on n’y retournais plus jamais.
Quelle chance j’ai eu ce jour là, j’ai vu arriver une petite jeune fille toute menue, elle m’a longuement pris dans ses mains, elle me caressait les yeux, mon dos, elle était douce.
Puis tout à coup, je ne ne rappelle plus très bien, j’ai senti une grande bouffée d’air frais, j’étais toujours dans ses mains.
Une étrange sensation s’empara de moi, je venais de réaliser que j’avais QUITTÉ cette fameuse boutique.
J’étais LIBRE.
À moi la belle vie!!!!!!
Regarder les paysages, humer les fleurs, voir le soleil et le ciel
Une nouvelle vie commençait, j’étais heureux.
Au début, je passais la plus part du temps dans ses mains
Et vas – y que je te pianote par – ci et vas – y que je te pianote par -là toute la journée , même la nuit.
Oh!!! La nuit!!!!!! Un cauchemar impossible de fermer les yeux je suis devenu insomniaque.
Je suis si fatigué que
j’ai l’impression que je cours des marathons à répétition.
Les seuls moments où je peux me reposer c’est quand je l’entends dire catastrophée.
Oh !!!!! J’ai plus de batterie.
Je l’entends qui se précipite sur un espèce de tuyau, qu’elle m’enfonce dans le ventre
Ça fait pas mal, quand elle n’est pas pressée, mais quand je la sens énervée, je ne vous raconte pas, c’est de la maltraitance.
Et vas – y que je recommence parce qu’elle a loupé l’entrée du fameux tuyau.
Si ça continue je porte plainte.
Bref , ah oui je vous disais que lorsque je suis branché c’est comme ça qu’elle dit
Alors pour moi Le BONHEUR REPOS
ouffffff enfin tranquille durant quelques heures.
Parfois je suis à côté d’elle sagement allongé tout est calme.
Je suis même étonné, ce n’est pas normal que se passe t il ?
Soudain, mon ventre se met à gargouiller et à faire de drôles de bruits.
Elle se précipite sur moi appuie sur un bouton si fort que je m’arrête net de gargouiller.
Au début, je croyais qu’elle jouait à me faire des guiliguilis
Pas du tout rien pour moi.
Je me sens télé porter vers un endroit où je suis collé et j’entends des paroles auxquelles je n’y comprends rien.
Une véritable punition pour moi ça dure des heures.
Non! Mais mais vous vous imaginez – vous collé contre quelque chose qui vous parle.
Les seuls moments que j’apprécie, c’est quand elle me porte très haut dans ses mains là je sens m’élever dans le ciel.
Elle appuie sur un autre bouton et j’entends un bruit très doux comme un bisou.
Et elle dit souvent
Ah !! C’est super.
Mais là , je ne sais pas où je suis. J’ai l’impression qu’elle ne
m’aime plus. Je suis peut-être trop vieux .
Tout ce dont je me souviens, c’est la musique j’étais ballottée dans tous les sens.
Il lui est peut-être arrivé quelque chose ? Je suis triste tout à coup. Elle me manque, même si elle bouscule ma vie, je l’aime bien.
Elle ne va pas me ramener au magasin ! Oh !!! Non.
Tout à coup mon ventre recommence à gargouiller, il gargouille il gargouille, cette fois- ci il ne s’arrête pas. Pourquoi ?
C’est alors que j’entends un énorme bruit et j’aperçois un petit faisceau de lumière.
Je suis pétrifié pour la première fois, j’ai peur.
Je sens qu’on me prend mais pas tendrement.
Je suis aveuglé en un instant par la lumière qui jaillit sur moi .
On me dépose avec fracas sur quelque chose de dur.
Ah! ce n’est pas le lit de sa chambre, ça je vous le confirme.
Mais où suis-je donc ?
Je perçois des bruits de papier, stylo.
Soudain je reconnais sa voix, mais elle pleure.
Oui elle pleure, elle n’est pas toute seule me semble- t – il ?
Pourquoi elle ne me prend pas dans ses mains comme la toute première fois?
J’ai une et mille questions.
Je ressens une drôle d’atmosphère, il s’est passé quelque chose de grave ?
Ça y est on me transporte à nouveau, je m’élève où vais je encore atterrir ?
Ah non je ne veux pas être encore collé des heures.
C’est alors que j’entends.
Mademoiselle, je vous rends votre portable, je l’ai retrouvé sous un canapé, vous avez dû le faire tomber au cours de la fête.
En vous attendant, je l’avais rangé dans l’armoire aux objets trouvés.
Vous avez de la chance, habituellement les gens ne retrouvent pas leur portable dans ce genre d’endroit.
Immédiatement elle me serra contre son cœur je sentis qu’elle ne pleurait plus.
Elle me caressa le ventre mes yeux et le dos comme la toute première fois.
Je crois même qu’elle m’embrassa.
Pascale Pecqueux, le 03/10/2022
ADIEU L’AMI, JE T’AIMAIS BIEN…
Je suis un téléphone, juste un p’tit téléphone, tout plat que tu peux emmener partout, c’est
formidable ça, non ? Et toi, ma propriétaire, tu racontes, à qui veut l’entendre, que je suis un
» fil à la patte », que je te colle aux basques, que je suis un poison dans ta vie… Faut savoir ?
Car sans moi, t’es toute perdue ! Moi, j’aimerais bien dormir un peu, me reposer… Mais tu
fais des nuits courtes et à peine réveillée, tu me tombes dessus pour pianoter fébrilement,
voir si on t’a appelée, » Whats Appée « …, alors que moi je n’ai rien dormi du tout, surveillant
l’heure à laquelle je devais te réveiller car je fais ça aussi pour toi ! Un jour, j’ai raté l’heure,
je n’ai pas sonné au bon moment, – tu m’avais mal programmé, tu avais coché » 6 pm » au
lieu de » 6 am », bravo le prof d’anglais ! – et c’est à moi que tu as remonté les bretelles !
Avoue que c’est vrai, tu ne peux pas te passer de moi ! Alors, pourquoi tu me hurles tout le
temps dessus, pour un oui pour un non ?
Quand tu ne sais plus où je suis parce que tu m’as posé n’importe où !
- Où es-tu ? Où t’es-tu planqué ?
Quand tu as regardé non-stop tes vidéos ou as joué à tes jeux à la noix, et que tu pars direct
te promener… - Oh ! T’as plus de batterie ! T’as rien dans le ventre, tu ne tiens pas la charge, tu es à
7%, ce n’est pas assez pour faire une photo !
Moi, je te dis : »Batterie faible, très faible », je te préviens… Et toi, tu t’en fous ! Tu ne me
branches pas pour me remplir, me nourrir. T’es sacrément gonflée ! Toi, quand t’as faim, tu
manges, quand ta voiture n’a plus d’essence, tu ne la fustiges pas, tu lui en mets… En plus,
t’as même pas un encas pour moi, une batterie de secours, comme une gourde d’eau fraîche
pour le pauvre gars perdu dans le désert…
Des reproches, toujours des reproches !
Mais moi, je suis un téléphone, tu entends ? Un TE-LE-PHO-NE !
Pour toi, je suis, tour à tour, GPS, appareil photo, camera, boîte mail, boutiques en ligne,
banque en ligne, messagerie, scanner… Scanner ? Eh ! Ça, c’est le boulot de l’imprimante !
Et tu continues ! - Oh ! J’en ai marre, t’as encore la » mémoire saturée » !
Ben oui ! Elle est plus qu’encombrée par des centaines de photos, de vidéos…
Mais, vidange, bon sang ! Trie ! Y’en a plein de nulles, t’as photographié l’intérieur de ton sac
à main, filmé tes pieds. Et les autres, les quelques réussies, transfère-les sur ton ordinateur !
Et puis, pourquoi tu gardes 3229 mails ? Ça m’épuise !
Et Waze à tout bout de champs, c’est crevant car en plus tu ne tournes jamais où il faut donc
moi, je dois recalculer le trajet et ça te fout en pétard….
Je fais tout, sauf téléphoner – parce que tu n’aimes pas ! Mais moi, moi je suis fait pour ça,
c’est ma mission première ! En plus ça me plaît : ça me fait des frissons, les vibrations de
voix…
Non, toi, ton kif, c’est pianoter, pianoter, et si vite que je ne ressens rien…
Et…. Il y a une semaine, j’ai terminé sous les roues d’une voiture ! Tu m’avais posé sur tes
genoux. T’es sortie de ta voiture sans faire gaffe… et moi, je n’ai pas de jambe ni d’aile !
Alors, j’suis tombé comme une pov’ cloche, j’ai glissé jusqu’au milieu de la chaussée et une
voiture m’a écrabouillé en me roulant dessus… J’ai eu mal, très mal. Mais la plus grande
douleur avant de m’éteindre définitivement, c’est que tu ne m’as même pas dit :
» Adieu l’ami, je t’aimais bien… »
Marie-Stéphane Vaugien
J’y suis enfin dans le bel emballage avec le beau ruban doré. Les lumières des guirlandes, la place de
choix au pied du sapin.
Toute la famille s’est cotisée j’en suis sur car je vaux mon pesant d’or.Je suis tout près à bondir hors
de ma boîte, dernier modèle, dernière technologie, je buzz, je like, j’instagramme, je facebooke, je
tick tock à la vitesse de l’éclair et même je téléphone.
Je suis le maître du monde, je suis le maître du temps, prêt à tous vous soumettre, à tous vous
asservir.
j’entends « c’est pour toi mamie »
-Merci beaucoup, vous allez m’apprendre
-Attends on t’appelle
-Comment on fait pour décrocher ?
-Fais glisser le téléphone en bas de l’écran
-Je n y arrive pas, c’est compliqué
-Allo, je n’entends rien
-On verra ça une autre fois…
Je retourne dans ma boîte, emprisonné dans la mousse et hop au fond du tiroir, j’y suis depuis ce
jour maudit.
De temps en temps j’entends le bruit d’un cadran suivi d’un « allo c’est toi ma fille ? »
Nicolas Perquin
La Vie exténuante du téléphone portable
Pour comprendre et expliquer la vie exténuante du téléphone portable que je suis, je vous
propose le plan suivant :
D’où viens-je ?
Qui suis-je en réalité ?
Mes origines : le téléphone fixe filliaire : l’appareil était en ébonite, le cadran permettait de
composer les numéros et avec des codes on pouvait communiquer avec l’étranger.
Noirs, ils étaient noirs !
Pendant des années les quelques personnes « branchées » ont utilisé cet appareil qui
permettait de joindre oralement, presque tous les interlocuteurs.
A ce téléphone magique est associé, l’inter, par qui transitaient les communications
interurbaines.
Une astuce permettait aux espions de deviner ou presque les numéros composés : la course
du cadran n’était pas la même selon que l’on faisait A ou W… le regroupement des lettres
pouvait provoquer des erreurs !
Puis sans fil, de couleur et de formes variées les téléphone devinrent mobiles.
Ils étaient faciles à transporter et participaient à un certain nomadisme propice à la
discrétion des échanges ?
Puis vinrent le minitel, l’ordinateur personnel. Pendant ce temps le Fax autorisait des
transferts de documents.
Ma mémoire devient incertaine : tout est allé très vite et me voici TELEPHONE
PORTABLE constitué de l’un ou l’autre systèmes universels, Androïd ou Iphone.
Et alors là, de nomade local, je suis devenu SDF : parfois dans un sac, dans une poche sur un
meuble, dans la voiture, mais perdu aussi !
Mon emploi s’est élargi. Téléphoner, bien sûr, mais recevoir des messages, texto ou e-mail
selon le type de ma connexion. Et voilà que la Banque, le Fisc, mon Propriétaire, la Poste, les
commerçants, la SNCF, et bien d’autres institutions veulent loger chez moi. Sauf que tout
cela m’alourdit et m’oblige à ingurgiter des codes à lettres et chiffres et signes spéciaux…
S’y sont ajoutées des APPLI, toutes sortes d’appli et de tuto qui me soumettent à un
perpétuel mouvement. Et on sait que les ressources d’internet sont immenses et sans
frontières.
Comment dans ces conditions espérer, à quelque moment, être tranquille ?
Je voudrais pouvoir vider ma batterie pour que, pendant son rechargement, j’ai un peu de
paix. Etre posé dans un espace accueillant, silencieux, pas bousculé… C’est mon rêve.
Mireille Bardolle
M Aller vers notre second défi
Nos « défis littéraires » ont un but thérapeutique: déparesser nos neurones en limitant cependant l’activité et la prolixité, ce qui n’est pas une mince affaire…ils vont fonctionner de la manière suivante:
-Chaque quinzaine un « défi littéraire » est proposé, sur un thème imposé à chaque membre des Encres mêlées qui le souhaite.
Il s’agit d’un texte à envoyer aux deux modérateurs (Sophie et René) dans la limite des délais indiqués. Le thème à traiter pour le premier défi est: « Qu’est-ce qui est essentiel pour vous?« -les textes devront être envoyés entre le 15 et le 30 novembre-
Une contrainte de longueur doit être respectée, maximum 300 mots, titre compris.
À vélo
-Dis-moi, mon ami, peux-tu enfin me dire ce qui est essentiel pour toi ?
-Je vais te livrer mon secret. Depuis notre naissance, nous sommes tous embarqués sur le vélo de la vie. Comme tu le sais, l’apprentissage en est difficile et l’équilibre ne peut se trouver que lorsque le vélo est en mouvement, en action. Pédaler exige des efforts, surtout lorsque le circuit présente des pentes difficiles.
-Mais l’essentiel est de toujours bien tenir le guidon pour maintenir la direction dans laquelle tu as décidé d’aller. Tu dois rester le maître de ton parcours et de ta destination. De plus, tu n’as pas peur de la crevaison et tu répares sur le bord du chemin.
-Mais où vas-tu ?
-Où te mènent ta liberté et tes choix. Enfant, tu roules sur les chemins caillouteux avec tes parents. Adolescent, tu files vite au lycée car tu as peur d’être en retard. Adulte, tu flânes sur les routes campagnardes en fuyant l’enfer urbain. Tu peux aller là où personne ne va au mépris des sens interdits et des limitations de toutes sortes. Si tu es très sportif, tu peux participer à des courses avec une équipe dévouée. Tu peux t’arrêter et admirer la nature qui se réveille au printemps. Tu prends le temps de voir, de comprendre, de rencontrer. Tu peux découvrir les chemins intérieurs…
-Pour quoi faire ?
Aux aventuriers qui les empruntent
S’offrent d’exquises clairières
Où filtre une douce lumière
Qui pénètre les cœurs sans crainte
Il n’est point de jours meilleurs
Que ceux où l’esprit s’aventure
Au fil des chemins intérieurs
Cueillir les fleurs nées dans la verdure.
René Allétru
Le renard et le prince
– Connais-tu les ambitions des hommes ?, questionna le renard
– L’avidité, le pouvoir, les possessions, les honneurs et la gloire, répondit le petit prince
Le renard acquiesça :
-Ils traînent des boulets lestés par l’égoïsme et portent des valises bourrées de rancœurs
-Et le sens de leurs vies ?
-Le connais-tu ? dit le renard
-Oui ! Il est semblable à un pauvre chien qui court après sa queue
-Ah bon ? s’étonna le renard
-Leurs yeux sont aveugles, brûlés par des écrans qui leur dictent les rêves, leur âme agonise au fond d’un compte en banque, leur cœur bat à l’arythmie de ces désirs futiles
-Mais toi, comment vis-tu ? lui demanda le renard
-Je me contente de l’essentiel
–C’est à dire?
-D’une chose rare et précieuse
Le renard se sentit déconcerté :
-Rare et précieuse ? Tous les humains rêveraient de posséder cette chose
C’est mon vœu le plus cher
Le renard s’impatienta :
-De quoi s’agit-il ? dites-le-moi vite !!
De voir avec le regard du cœur, lui confia le petit prince
Comment ça ? ces yeux ne figurent sur aucune planche d’anatomie !
Mais ce regard existe, il suffit d’apprendre à s’en servir pour voir, affirma le petit prince
-Pour voir quoi ? dit le renard
Ce que les yeux ne peuvent pas distinguer, notre vraie nature
–Vous m’apprendrez ? implora le renard
Pour vous apprivoiser ?
Le renard frotta son museau contre les jambes du petit prince :
-Apprivoisé…je le suis déjà ; j’aimerais que vous me rendiez vrai.
Nicolas Perquin
Second degré
Ma liste à la main, je restai interdite devant les rayons « rubalysés », recouverts de linceuls de plastiques noirs : mes chaussons avachis devraient souffrir encore un peu que je les traîne sur le carrelage de la cuisine, avec leurs semelles trouées par les frottements ; une prolongation avec soins palliatifs serait envisageable en respectant un cadrage serré lors des réunions en visio-conférence ! Le rayon suivant m’était également interdit : « un livre de cuisine, quelle idée ? » me lança une vendeuse, « vous trouverez des milliers de recettes gratuites sur Internet ! ».
Ah oui, bien sûr, les GAFA sont là, qui nous sauvent du désespoir. Ouf, j’en avais des sueurs froides à l’idée de rentrer chez moi avec un paquet de pâtes, du papier toilette fleuri et mes tranches de jambon sous plastique. Je lui aurais sauté au cou, à cette employée du supermarché, si ce n’étaient les règles de distanciation qui m’en empêchaient. Cela m’enleva un poids : plus besoin de se limiter à l’essentiel, Il suffisait de cliquer pour obtenir peinture, chaussure, brochure, nourriture, couverture, lecture…
Je vécus confinée pendant des semaines, reliée à cet Internet ombilical qui satisfaisait mes désirs.
Un matin, l’écran refusa de scintiller : panne de réseau ! Désespérée, je résolus de sortir. J’entrouvris la porte et risquai un pas dehors. Le crissement du gravier de l’allée me fit sursauter. Je me frayai un passage parmi les herbes folles qui m’arrivaient à l’épaule. J’aperçus d’autres ombres ; nous convergions en longues files vers le centre commercial, cœur excentré de notre ville dortoir.
La déception fut incommensurable : de ces temples, il ne restait que ruines rouillées, enseignes borgnes, et vitrines désertes.
Nous nous regardâmes, hagards : où allions-nous trouver notre essentiel ?
Sophie Fedy
L’essentiel
L’eau et le soleil sont essentiels à la fleur
Le calme et la sérénité nécessaires au bonheur
La bonne humeur fait obstacle au malheur
Le blé nous donne de la farine et du pain
L’essentiel est de manger pour ceux qui ont faim
Ne pas avoir froid, ne pas dormir par terre.
Quel serait votre vœu le plus cher ?
-Abolir la violence et la guerre
-Tendre les mains, ouvrir son cœur
Régler les problèmes, et tout ce qui nous oppresse
Fuyons l’orgueil, la jalousie, agissons avec délicatesse
Dans ce monde agité donner un peu de tendresse
L’important, c’est le parfum d’une fleur dans la nature
Le sourire d’un enfant, une source d’eau pure,
Rester simple et vrai, en accord avec soi-même
A la recherche de la beauté, la joie et l’ultime
Partageons l’art, l’écriture : instants sublimes
Rien n’est plus beau que le cœur de l’être aimé
L’essentiel, c’est la liberté, l’essentiel c’est d’aimer.
Nicole Dubromer
L’essentiel pour moi
En cette période où quelques droits essentiels nous sont confisqués, la question devient opportune.
Privés de liberté d’aller et venir, nous voici confinés à grande échelle. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous rappelle que la moindre sortie pourrait nous coûter cher en nous obligeant à nous munir d’une dérogation exceptionnelle justifiée. Privation de liberté, surveillance et punition sont d’habitude réservées aux criminels et ce, à la suite d’un procès que l’on exige équitable.
L’autre atteinte et non des moindres, à nos droits essentiels est notre privation de relation sociale. Animal social avant tout, nous voici condamnés à la distanciation si ce n’est à l’isolement pour les moins chanceux. Et les injonctions distillées à longueur de journée inoculent jusqu’à la peur de l’autre. Masqués ou plutôt bâillonnés plusieurs s’écartent intentionnellement à votre approche et gardent les yeux rivés au sol de peur de croiser d’autres regards potentiellement dangereux.
Un ami vivant seul en appartement me confiait récemment avec dérision, qu’il ne lui restait plus qu’à adopter un chien pour un peu de compagnie et s’octroyer quelques balades quotidiennes salutaires…
Pourtant malgré ce constat, je me promets de préserver l’essentiel pour moi, l’essence même de ma vie. Ce que je suis intrinsèquement, mon être profond, mon libre arbitre et mon intégrité.
Impuissante à changer la situation extérieure, je m’exerce à veiller sur mon attitude face aux événements. Moi seule peut agir sur ma colère, ma peur ou ma haine.
Cultiver mon discernement et prendre du recul pour poser un regard serein sur le monde qui m’entoure. Continuer à y voir la beauté de la vie. Reconnaître que tout est éphémère, même et surtout le pire.
Et savoir que l’autre est fait de la même étoffe que moi : vulnérable et en quête de bonheur et d’amour.
Michelle Champion
Qu’est-ce qui est essentiel?
Question indiscrète à laquelle je ne répondrais pas en temps ordinaire.
Réponse difficile si je n’adhère pas aux trouvailles du Gouvernement. Le politiquement incorrect est-il toléré ?
Mais avant de tenter une réponse, je veux me référer à la définition du mot « essentiel » telle qu’elle est donnée dans « Le Petit Robert » mon dictionnaire habituel, en hommage à Alain Rey qui a quitté cette terre récemment.
Essentiel, ielle : Philosophique ou littéraire – Qui est ce qu’il est par son essence et non par accident.
Courant : qui est absolument nécessaire (opposé à inutile)
Qui est le plus important (opposé à secondaire)
Ces définitions ne sont qu’un extrait de l’article « essentiel » mais donnent l’essentiel du sens du mot.
Ce n’est pas une lapalissade mais la vie est essentielle. La vie dans son incarnation humaine. Alors essayons de dire ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas !
Commençons par la chair. De quelle fonction pourrions-nous nous passer ? De quel sens pourrions-nous être privés ?
Poursuivons par l’esprit : toute la palette des sentiments, les nobles et ceux qui le sont moins ; ils permettent d’apprécier les premiers. Je nominerai quand même l’amour et l’amitié.
La pensée, la réflexion, la parole, la mémoire, l’humour, et ramassées en un mot, les vertus, les défauts… Et j’en oublie, sans doute ce qui, à première vue, ne me paraît pas essentiel !
Que choisissez-vous de mettre au panier, puisque jugés secondaires ?
Je tiens à mes défauts, à mes qualités aussi et je ne vois rien à retrancher et sans forfanterie je me sens essentielle, aux autres et à moi-même.
Mireille Bardolle
L’essentiel, quoi !
La forêt de mon enfance
Les présents du présent
Les couleurs contrastées
De cet automne si lent
Le sourire d’un enfant
Les merveilleux nuages
L’eau
La mer
L’étang
La rivière
Et mes bains d’hiver
La poésie
Celle que l’on écrit
Celle que l’on vit
Le regard si tendre du chien
La musique
La danse bien sûr
L’amitié
L’étreinte de mon bien-aimé
La paix dans le monde
Et dans les âmes amies
L’essentiel, quoi !
Béatrice Bastiani-Helbig
L’essentiel de Micheline
Ce serait simple : des idées, des mots, une demi-page ! Fastoche, diraient les gosses !!
J’ai voulu écrire quelques mots …ils se bousculent :
Amour, sensualité, amitié, rencontre, famille, amis,
L’espace, la nature, mer et montagne, animaux, arbres et fleurs,
L’art sous toutes ses formes et puis: écrire et voyager
Et le rire ? Je l’avais oublié !!
Micheline Hecquard
Un essentiel
Elle souhaiterait
Avec grande délicatesse déposer ici
Un monde essentiel
Réduit à cet espace défini mis sous cloche
S’y trouveraient sur un sol de mousse touffue
Quelques invertébrés farfouilleux
En attente d’envols
Et ceux-ci grignoteux de graines et brindilles
A tout vent, parsemées
Les regards ici réunis d’êtres chéris
Ceux résidant aux confins de son territoire
Fragile et mouvant
S’y seraient blottis
Ce sont arpenteurs
De sentiers de longue connaissance
Ainsi dotés
Des pouvoirs de sagesse et imagination
Aptes à se satisfaire de ce qu’Ils nomment
Leurs Essentiels
Chacun se regarderait en silence
Surpris d’être là
Dans la tiédeur de ce jour
Paisible
Sans nulle attente d’un quelconque lendemain
Brigitte Dusserre-Bresson
L’important c’est la fleur
L ‘ IMPORTANT C’EST LA FLEUR
Quelle que soit la saison, la fleur est au rendez-vous.
Quoi de plus merveilleux dans les sous-bois au printemps, alors que les feuilles n’ont pas
encore colonisé les arbres, que ces petites jacinthes aux clochettes
violettes émergeant des broussailles
Quoi de plus admirable que ces coquelicots rouge-feu épanouis sur une tige fragile, se
dandinant au bord des champs de blé dorés par le soleil de l’été.
Ils apportent une note de fraîcheur .
Quoi de plus extraordinaire que le bleu de ces petites gentianes surgies des rocailles
à flanc de montagne, elles égaient l’aridité de l’environnement
Quoi de plus ravissant pour les yeux que la rose aux pétales parsemés de gouttelettes
de rosée qui à l’aurore d’un nouveau jour hébergent des
petits arcs-en-ciel.
Tout le ciel est dans la rose.
La fleur nous offre tout le bonheur à ac/cueillir !!!!!
Marie Jo Sana
Joe Joker
Joe Joker avait un mal de chien. C’était son bras. Il le mettait en haut, l’index visant le ciel. Le mal transperçait son corps. Il était planté là, sur son vélo, main en l’air. Bien plus tard il apprenait qu’ un des effets secondaires d’un vaccin pour la Covid19, c’était ça, un mal au bras.
Joe Joker voulait acheter un vaccin contre la peur. Il en était malade. La peur rognait sa tête. L’hélicoptère qui passait au-dessus de lui, c’était la police, avec une caméra vissée sur sa tête, avec son regard plongé dans le caniveau.
La voiture de Police était garée au coin de la rue.
Joe Joker regardait l’état de son masque. Il avançait masqué et son masque était bourré de microbes. Des milliards enfermés … comme dans le monde, des milliards de gens enfermés.
Des parcs fermés. Des bords de fleuves fermés. Des bois fermés d’accès. Des montagnes fermées d’accès. L’interdit. Il fallait l’interdire, l’interdit. Il faut rire de tout. C’est un garde-fou.
Des drones, des caméras de surveillance, des hélicoptères.
Joe Joker ne croyait plus en rien. Le pinard, des clopes autorisés. Des bibliothèques fermées. Des magasins fermés. Des ventes en ligne qui flambaient.
Des guerres partout. Un réchauffement climatique. Un monde en feu, un monde qui brûle tandis que les plus riches deviennent encore plus riches.
Joe Joker avançait masqué. Sous les contrôles des drones, des hélicoptères, des caméras de vidéo-surveillance.
L’isolement. En attendant l’arrivée du vaccin, des lois draconiennes votées réduisant la liberté.
Il levait son bras et pointait son index au ciel. La liberté, pour lui, c’était l’essentiel.
La réponse tombait.
Il fallait combattre le virus de la peur par un virus encore plus fort. Le virus de l’amour.
L’amour du prochain, du voisin. L’amour du virus de la vie.
Chris Brook
L’essentiel, c’est le hasard…heureux
Par un heureux hasard, j’avais dû être plâtré, à la suite d’une entorse de la cheville. Et vous appelez ça un « heureux hasard » ? Oh combien ! Car, immobilisé chez moi, je n’ai pas pu retrouver les copains au Bataclan … c’était le 13 novembre 2015.
Par un heureux hasard, moi qui déteste tous les jeux, précisément dits « de hasard », j’avais, à l’instigation d’un ami, parié avec lui quelques euros à Euromillions. Il m’avait réveillé au milieu de la nuit pour me dire que nous avions touché le gros lot. Mais il s’en était également vanté auprès de tous ses copains. Et, très vite, je fus l’objet de sollicitations innombrables. Auxquelles je répondais que j’avais offert mon gain aux Restos du cœur. Intention fort louable. Mais inaboutie. Une croisière aux Caraïbes m’a fait beaucoup de bien…
Par un heureux hasard, j’avais, à une minute près, raté le bus. Le prochain serait donc dans vingt-neuf minutes. Mais je n’en étais pas à une demi-heure près, et il faisait un temps splendide. Je m’installai dans l’abribus, allumai une pipe et me plongeai dans la lecture. « Pouvez-vous me passer du feu ? » quelqu’un s’était installé à côté de moi. Machinalement, sans me tourner, je tendis ma boîte d’allumettes. « Merci », et je dus tourner la tête pour récupérer mon prêt. Elle était la jeune femme la plus ravissante que j’aie jamais vue– le début d’une idylle qui dure encore.
Par un heureux hasard, le marchand à qui j’avais acheté des plants de salade, s’était trompé, et m’avait vendu des plants de cucurbitacées. Mon étonnement lorsque je vis des fleurs d’un superbe jaune orangé. Et ma joie lorsque poussèrent, à gogo, potimarrons, bleues de Hongrie, longues de Nice, brodées galeuses et autres espèces.
Jean Ferreux
L’enfant
Rien n’est plus attendrissant que de prendre un tout petit dans ses bras et être témoin de son éveil chaque jour. L’éveil du bébé est avant tout sensoriel. Il s’appuie sur ses cinq sens : toucher, sentir, voir, écouter, goûter pour saisir son environnement.
Quand il fait ses premiers pas, il se lance à la conquête du monde avec l’insouciance de son jeune âge. Il déploie beaucoup d’énergie, il court, il saute, il bouge, il se déplace, il cherche à aller le plus loin possible. Il jubile de joie et de bonheur. C’est l’apprentissage de l’autonomie.
Quand il commence à parler, sa curiosité s’exprime par ses mots, dans sa langue infantile, il veut tout savoir :
– « Maman, c’est quoi ça ? » « Et ça ? » « Et ça ? » Et c’est sans fin jusqu’à ce qu’il entende la voix de ses parents répondre à ses demandes. Il s’apaise, un grand sourire se dessine alors sur son doux visage, il est ravi, maintenant il sait. Il est entré dans l’univers de la connaissance.
Toutes ces découvertes jubilatoires se poursuivent tout au long de ses premières années que nous avons tous traversées.
N’oublions pas ce petit enfant que nous avons été à un moment de notre existence. Cet enfant qui se réveille en vous quand vous êtes émerveillés face à un coucher de soleil sur la mer, ou fascinés au passage des étoiles filantes dans le ciel. C’est ainsi que la magie de se sentir vivant au milieu de la beauté de l’univers s’opère dans vos cœurs.
Teresa Maria Petitjean